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Du 12 octobre au 12 novembre 2024

La prochaine édition du festival Villes des Musiques du Monde se tiendra du 13 octobre au 12 novembre 2023 et rendra hommage à l’accordéon, instrument d’une richesse inouïe.
L’accordéon voyageur… Il a fait le tour du monde sous des noms dérivés tels que le mélodéon, le bandonéon et le concertina.
La programmation nous embarquera d’une ville à l’autre, sur des routes intercontinentales : du bal électrique parisien au forró brésilien, du funana capverdien, à la tarentelle italienne, du tango argentin, au vallenato ou cumbia colombienne, au merengue caraïbéen….

En Europe, le « piano du pauvre » a eu les pires difficultés à se remettre du soupçon de ringardise qui lui collait aux basques. Il se heurte aux préjugés : l’accordéon, c’est mal vu, c’est vieillot, lié à un répertoire peu considéré. Mais les préjugés se retournent désormais en sa faveur… Les jeunes accordéonistes conduisent aujourd’hui les pas de danses traditionnelles sur les parquets de bal électro et autres dancefloors.
L’accordéon s’est répandu de manière fulgurante grâce au train, à la sidérurgie, aux manufactures. Trimbalé dans les bagages des marins, des missionnaires et des colons, il a fécondé quelques-uns des genres musicaux les plus guincheurs dans les quatre coins de la planète dont notre territoire ne manquera pas de faire l’écho.

Programmation

Teknibal, Ma Petite, Turfu, N’Diaz, Bargainatt, Times Box, Antti Paalanen, Scuru Fitchadu, Bal Rital, Canzoniere Grecanico Salentino, Davide Ambrogio, Marcela, Roberto de Brasov, Bel Air de Forro, Télamuré, Rodrigo Cuevas, La Yegros, Haïdouti Orkestar, Antonio Rivas, Ferro Gaita, Tangomotan, La Milonga portuaire, Zoufris Maracas, Sidi Wacho, Obi Bora, Mass Basse & Mpévé, LeeLa Petronio, Le Mange Bal, Les Zéoles, Labess, Trio Miyazaki, Fixi & Nicolas Giraud, Faiz Ali Faiz, René Lacaille, Bal Kréyol d’Élise, collectif Grand Pop

Du 7 octobre au 13 novembre 2022

Sur le pavé, la fête !

Du 7 octobre au 13 novembre 2022, après deux années complexes de désenchantements et de distanciations sociales, le festival Villes des Musiques du Monde vous propose de tendre la main à vos cavaliers et cavalières, de déployer vos ramages pour chanter l’amour de la vie.
Un pas de danse vers l’autre, un chant en commun, un va et vient joyeux et émouvant vous attend dans nos salles partenaires et nos parquets de bal. Cette édition, toujours à l’échelle humaine de nos villes-monde, sera dédiée aux bienfaits conviviaux de la Voix et de la Danse !

Programmation

Bonga, Danyèl Waro, Max Cilla, Mouss & Hakim, Lucibela, Trio Mandili, Les Dames de la Joliette, Création Kutu, Roses des Ventes, Panjabi MC, Fulu Miziki Kolektiv, Flexbag et Zillerbas, Ashs The Best, Boogie Balagan, Temenik Electric, Lass, Samira Brahmia, Hommage à Cheikha Remitti, Bal Konsèr, Compagnie Difé Kako, Turfu, Petit Piment, Super Parquet, La Machine, Le Mange Bal, Djân, Sakîna, El Sindicato Milonguero, Focus on the Groove, Leela Petronio, Christine Salem & les Marmots, Le Grand Bazar

Du 8 octobre au 14 novembre 2021

Ne voyez pas dans le choix de ce thème aucune apologie à la consommation d’alcool, mais une impatiente envie de retrouver un état d’exaltation et d’ivresse, propre aux ambiances enivrantes de nos lieux de culture. Une édition que nous voulons aux sons des musiques nées hors des circuits institutionnels, dans les tavernes, dans l’underground et autres cafés des bas fonds. Bien des musiques, largement écoutées aujourd’hui, sont nées dans ces lieux, où se retrouvait, au comptoir enfumé des cafés chantants, une population souvent misérable et marginale.

Pourquoi s’en préoccuper, lorsqu’on anime un festival francilien dédié aux musiques du monde entier ? Simplement parce que c’est dans des débits de boisson que sont nées la plupart des musiques au programme. Le flamenco ? Dans les tablaos andalous ! Le fado ? Dans les cafés des rues les plus escarpées de Lisbonne ! Le rebetiko ? Dans les tavernes d’exilés qui cernent le port du Pirée ! La chanson française ? Au Chat Noir ou aux Trois Baudets ! Le phénomène se confirme même loin de la Méditerranée, puisque le jazz est né dans les troquets des quartiers chauds de La Nouvelle-Orléans. Pour célébrer la fertilité sans cesse renouvelée des cafés, le festival Villes des Musiques du Monde offre cette année une tournée générale de musiques et de danses. Préparez-vous à de pleines rasades de rythmes torrides, à des cocktails de refrains incendiaires ou à des déhanchements qui font tourner les têtes.

Programmation

Goran Bregovic, O’Djila Titi Robin, Cuniot Kuartet Klezmer, Ludmila Kramar, Mamaliga Orkestar, Ocora Couleurs du Monde, Omar Pène & le Super Diamono de Daker, Jî Drû, Dafné Kritharas, Duo du Bas, Le Grand Barouf, Arrehar, Alejandra Gonzales, Ignacio Maria Gomez, Collectif Medz Bazar, Bedouin Burger, Les Dames de la Joliette, Kyab Yul-Sa, Ghetto Kumbé, The & The Love Process, La Mal Coiffée, Hommage à Idir, Haïdouti Okestar, Aven Savore, Cœur portuaire, Ne me libérez pas, je m’en charge, Zakaria Haffar, Zaef le sans papiers, Mass Bass, Le Grand Bal Raï, 93 Super Raï Band, Le Cri de la Girafe, El Carru Quintet, Tania Raquel Caetano, Sub’Sonic, Pena de la Rumba, Leto, Trio BouchalaTurquito Tango, Tao Ravao, Carlos G Lopes, Rabah Hamel, Aziz Sahmaoui, Bab El West, Tiombô, Seksion Maloya, Cheikh Sidi, La Cité des Marmots & la Compagnie Rassegna

Du 11 juin au 31 juillet 2021

Le Festival Villes des Musiques du Monde se réjouit de poursuivre sa thématique Douce France afin de promouvoir les artistes d’ici qui font bourdonner la planète dans nos oreilles. Stoppé dans sa lancée à l’automne dernier, le festival reprend la route des villes de la Seine-Saint-Denis, Paris et Grand Paris tout de suite après l’étape fatidique tant attendu du 9 juin et la levée du couvre feu à 23h. Le rendez-vous est donné du 11 juin au 31 juillet 2021 pour vivre un acte 2 estival au programme étoffé avec de nouvelles propositions !

Une Douce France façon Trenet/Taha…
Ou comment mettre en lumière toutes ces musiques qui se jouent ici et nous emmènent ailleurs. Un chassé croisé de voyages dont le 93 et l’Ile de France seraient le quai d’accueil et de départ. Car ce qui s’accorde des airs d’arabian rock, de rumba cubaine, des polyphonies occitanes ou des chants calabrais, des tambours antillais ou de l’afro-électro, raconte la beauté de l’humanité. Sa hardiesse pour une douceur rare. Et c’est ce qui se jouera encore dans l’acte II de cette édition spéciale des beaux jours. Pour ce rendez-vous estival exceptionnel du festival Villes des Musiques du Monde, nous ferons la part belle à une nouvelle génération d’artistes de France aux influences multiples.
En espérant que résonnent d’une ville à l’autre les mélodies d’exils d’hier et d’aujourd’hui, les chansons populaires aux accents pas si lointain, les blues de banlieue, les ritournelles du périphérique et de nos campagnes…
Le meilleur est devant nous, gardons le cap !

Programmation

Soirée spéciale clin d’œil à Rachid Taha, L’Orchestre National de Barbès, Temenik Electrik, DuOud, La Caravane Passe, Fanny Polly, Roger Raspail, Mouss & Hakim (Zebda), Vaiteani, Arat Kilo, Amadou et Mariam, San Salvador, Le Juiice, Karimouche, Leto, Lindigo, Seksion Maloya, Balaphonics…

Du 9 octobre au 9 novembre 2020

Notre histoire, l’histoire de France, s’écrit aussi en musique.
« La France est en moi. Que je le veuille ou pas, elle est là. J’y ai grandi. J’ai sa culture, sa façon de voir le monde. J’y ai mes attaches. » Perrine Fifadji ne pourrait être plus claire : la chanteuse, lauréate l’année dernière du Prix des Musiques d’Ici, se sent française, autant que congolaise et béninoise.
Lorsque, pour préparer cette vingt-troisième édition du festival, nous avons questionné les artistes sur leur rapport à ce pays où ils vivent et mènent carrière, les réponses ont parfois été acides, souvent tendres, mais toujours passionnées. Le bassiste breton Clément Vallin, membre fondateur de Bab El West, précieuse formation folk menée par le Marocain Habib Farroukh, rappelle que « la France est une terre d’accueil pour la musique » et Paris « une véritable piste d’atterrissage ». « Toute notre culture musicale vient de cette ville métissée » acquiesce Fabien Girard, guitariste de l’un des groupes d’éthio-jazz les plus éblouissants du moment, Arat Kilo. À la question de savoir ce qui lui plaît tant chez Arat Kilo et chez les autres français avec qui elle a collaboré, la diva malienne Mamani Keita répond immédiatement : « surtout le respect ». « Les musiciens d’ici respectent ma musique » note-t-elle simplement.
« Ça, c’est la réalité de notre pays » constate HK, troubadour indigné né à Roubaix, qui présente quatre projets différents au festival. « Avec toute leur diversité, toutes leurs histoires, ses habitants créent ensemble. Ces parcours combinés donnent une nouvelle histoire. J’ai grandi entre des voisins italiens et des voisins portugais. Chaque soir, derrière chez moi, c’était la Coupe du monde. Au quotidien, évidemment, vivre et construire ensemble n’est pas simple. Mais on le fait. »
C’est, d’une certaine façon, ce que chantait Rachid Taha il y a déjà 34 ans, lorsqu’il reprenait Douce France de Charles Trenet. Grand admirateur du chanteur disparu en 2018, Mouss, qui est programmé avec son frère Hakim à quatre reprises au festival, livre sans se faire prier son interprétation de cette reprise : « Moi, dans « Douce France », j’entends ça : une quête de douceur par rapport à notre histoire. Notre identité n’est pas figée ; elle est en mouvement. Ce mouvement doit se faire dans la sérénité. » Heureusement, la musique est là pour accompagner et parfois accélérer la migration ou la mutation des identités. Autrement dit, pour reprendre les mots de Medhi Haddjeri, chanteur et guitariste du groupe de rock en arabe Temenik Electric : « Grâce à la musique, on a une chance de voir des jours meilleurs, de mieux vivre ensemble. »

François Mauger

Programmation

La Caravane Passe, Mouss & Hakim, HK, Fanny Polly, Lindigo, Temenik Electric, L’Orchestre National de Barbès, Tamerentong, Arat Kilo, JaiPur Maharaja Brass Band, 30 Nuances de Noir(es), Reggae Street Band, Sissy Zhou, Hakim Hamadouche, Duoud, 93 Super Raï Band, Roger Raspail et les Diabaté d’Aubervilliers, Nova Materia, Rusan Filiztek, Atine, Perrine Fifadji, La Chica, Kalliroi & Le Fadorebetiko Project, Marcela y los Murchales, Les Frères Tatane, Dominique Cravic et les Primitifs du Futur, Sanseverino,

Du 11 octobre au 10 novembre 2019

Pourquoi « nos Amériques » ? Et d’abord, pourquoi ce pluriel ? Simplement parce qu’il semble naturel à la majorité des Américains, notamment à ceux que le festival invite à chanter dans toute l’Île-de-France du 11 octobre au 10 novembre… Le Brésilien Fernando del Papa, qui vient de passer une année à chanter ses sambas et forrós avec des enfants de Seine-Saint-Denis, s’exclame ainsi sans hésiter « Je suis fier de la diversité des Amériques. La richesse culturelle née du métissage existe du Canada à la Terre de Feu. C’est une force ». Ana Tijoux, icône du hip hop en espagnol, a une formule plus frappante encore : « L’Amérique, c’est plusieurs continents dans un même continent. » Pour venir à bout des clichés qui pourraient subsister sur l’Amérique, la rappeuse Billie Brelok, née à Nanterre de parents péruviens, rappelle qu’ils valent aussi pour la banlieue parisienne : « Ça m’intéresse de mettre en parallèle les deux territoires. Ils ont en commun la question de la carte postale, du cliché à la fois exotique et anxiogène. Mais les réalités de ces deux territoires sont bien au-delà de ces caricatures. »

Bon, d’accord pour ce pluriel mais, alors, pourquoi un déterminant possessif avant « Amériques » ? Nous ne les avons pas découvertes, pas plus que Christophe Colomb : ce sont des Amérindiens qui y ont laissé, il y a environ 15 000 ans, les premières traces de pas ! Certes, mais nous en avons héritées. Les générations qui nous ont précédés les ont durablement attachées aux continents européen et africain. Cinq siècles de grandeur et de misère, d’or et de de sang, génie et de folie nous lient désormais. Et Ana Tijoux rappelle que l’histoire s’accélère :  » En 2019, tout est généralisé. Avec la globalisation, nos problèmes se ressemblent. La catastrophe climatique est mondiale, elle nous parle à tous. Parce que les problèmes sont les mêmes, il est très facile de se parler d’un continent à l’autre. » Face au retour de la xénophobie, le clarinettiste new-yorkais David Krakauer est aux avant- postes : « En ce moment critique, toutes les formes de célébration de la diversité culturelle subissent les attaques des factions d’extrême- droite. Le racisme, ce cancer américain, gagne à nouveau du terrain. En tant qu’artiste, je n’ai pas le droit de me taire » tonne celui qui, en réponse à une décision aberrante de Donald Trump, a réactivé son orchestre multiculturel, Abraham Inc.. Face à la dévastation de la nature, c’est la chanteuse amérindienne Djuena Tikuna qui s’élève : « Je suis l’une des voix qui crient pour défendre l’Amazonie et les êtres qui l’habitent. Pour nous, peuples autochtones, le chant est la force que nous portons en nous. La musique est une grande fête, un rituel de partage entre les peuples. Elle doit être un message de paix et d’espoir pour un monde meilleur. » Ici autant que là-bas serait-on tenté d’ajouter…

François Mauger

Programmation

Fernando del Papa, Ana Tijoux, Billie Brelok, David Krakauer, Djuena Tikuna, Flavia Coelho, Sarah Mc Coy, The Souljazz Ochestra, Chico Trujillo, Los Wembler’s de Iquitos, Raashan Ahmad, The Bongo Hop, Dowedelin, Lee Scratch Perry, A Tribe Called Red

Du 12 octobre au 11 novembre 2018

Quel est le secret des îles ?
Comment leurs musiques obtiennent-elles un tel rayonnement ?

Comment, par exemple, le Cap-Vert, archipel à demi désertique au large du Sénégal, s’est-il octroyé une place centrale sur la carte des musiques du monde ? Au fond, quelle chanson diffusée aujourd’hui sur nos radios ne doit rien à une île, que ce soit la Jamaïque, Cuba, l’Irlande ou l’Australie ?

Cet automne, Villes des Musiques du Monde célèbre le pouvoir créatif des terres émergées. Cernés par les eaux, hommes et femmes y cherchent l’harmonie dans des pratiques artistiques qui assurent la cohésion du groupe. « Tout le monde se connaissait » raconte le chanteur et guitariste capverdien Teofilo Chantre quand il se remémore son enfance sur l’île de Sao Vicente. « Les gens de mon quartier allaient de maison en maison pour jouer ce qu’on appelait des « serenatas ». C’était une façon se s’entraider. La musique nous faisait du bien, elle nous consolait de la dureté de la vie ». Ouverts à tous, ces moments musicaux quotidiens expliquent la grande sensibilité de nombre d’insulaires et la force de leurs rythmes.

Mais, « il ne faut pas confondre insularité et isolement », prévient le saxophoniste antillais Jacques Schwarz-Bart, « tout au contraire : les îliens cherchent à recueillir des informations, des influences de différents mondes. L’ile crée une soif d’ailleurs ». « Les îles des Comores ont connu des périodes d’isolement et des périodes d’ouverture » relativise Eliasse Joma, un chanteur et guitariste de Moroni qui ajoute immédiatement «l’ouverture nous a amené une grande richesse culturelle ».

Les musiques des îles trouvent un écho particulier en Ile-de-France. D’abord parce que des centaines de milliers d’insulaires – ou de descendants d’insulaires – s’y sont installés. Mais aussi, plus largement, parce que certains de ses quartiers, certaines de ses villes ressemblent – pour qui les observe de loin et se contente de clichés – à des îles. Ces quartiers, ces villes, le festival les écoute vibrer depuis 20 ans déjà. Il connaît l’attachement de certains à la langue et aux rythmes qu’ils ont apportés dans leurs bagages. Il respecte les identités communes – mouvantes et émouvantes – qu’ils se forgent, comme pourraient le faire des insulaires. Mais il refuse de ne pas les partager, de ne pas jeter de pont entre les genres, entre les coutumes, entre les peuples. Il fait sien cette exclamation d’un compagnon de longue date, le chanteur malgache Rajery : « Pour moi, il est temps d’ouvrir nos cœurs, nos yeux, nos portes et fenêtres pour voir et entendre ce qu’il se passe ailleurs ». Et ailleurs – faut-il le rappeler ? – c’est ici.

François Mauger

Programmation

Lura, Nancy Vieira & Elida Almeida, Jah9 & the Dub Treatment, A Filetta, Winston Mc Anuff & Fixi, Malavoi, Mo’Kalamity & the Wizards, Jacques Schwarz Bart, Los Rumberos de Cuba, René Lacaille, Imar…

Du 13 octobre au 12 novembre 2017

20 ans de musiques !

Chanteurs italiens ou algériens, danseurs argentins ou ivoiriens, musiciens antillais ou arabo-andalous… Il y aura foule autour du gâteau d’anniversaire de Villes des Musiques du Monde ! Et chacun manifestera un attachement tout particulier à ce festival hors-norme.
Ainsi, Titi Robin, qui présente cette année le résultat de ses répétitions avec les musiciens amateurs du 93 Super Raï Band, avoue : « Moi, ce qui me touche le plus, c’est que ce festival s’emploie à garder le lien entre la musique, les gens qui la font et les peuples qui l’ont vue naître. On oublie trop souvent ce lien. On pense la musique comme quelque chose qui est éthéré, qui est suspendu dans l’air. Pour moi, Villes des Musiques du Monde, c’est ça : toujours ré-ancrer l’art dans la vie, auprès de ceux qui le font, ou quand ce n’est pas eux-mêmes, de leurs enfants ou de leurs descendants »…
Le percussionniste Roger Raspail est quant à lui sensible à la permanence du travail de sensibilisation et d’éducation que l’équipe effectue en Seine-Saint-Denis. « Il ne suffit pas de donner de la musique aux gens pendant six semaines puis les renvoyer devant leur télévision » assène-t-il. « C’est là qu’est l’âme de ce festival, dans ces moments où il s’ancre dans son territoire » ajoute le guitariste Camel Zekri, qui revient cette année avec un spectacle jeune public. Le saxophoniste Bruno Wilhelm partage la tendresse de tous pour cette équipe qu’il décrit comme avant tout « passionnée par ce que la musique apporte à notre société et la façon dont elle impacte nos vies. Leur idée est de voir ce que la musique peut apporter à chacun en tant que miroir ». Pour autant, personne n’oublie la qualité des concerts : « C’est un festival à dimension humaine qui programme de la grande musique » résume Roger Raspail. « J’ai assisté à de très très beaux concerts. Je joue souvent dans de grands festivals européens et je considère que Villes des Musiques du Monde a le même niveau. »
Et, s’il faut faire un vœu au moment de souffler les bougies, pour Titi Robin, ce serait « qu’il fasse des petits un peu partout en France. Notre pays a besoin de culture, a besoin qu’on lie les quartiers défavorisés à une dignité culturelle. Je pense que c’est l’un des meilleurs moyens de sortir par le haut des problèmes qu’on a en ce moment. » Ce qu’en conclusion Camel Zekri formule autrement: « J’espère aussi que Villes des Musiques du Monde va réunir toujours plus de public, qu’il va continuer d’apporter du dynamisme aux cités, de la fierté aux gens, du possible aux enfants…»

François Mauger

Programmation

Oumou Sangare, Jivan Gasparyan, Abraham Inc. fet David Krakauer, Fred Wesley & Socalled, The Souljazz Orchestra, Orchestra Baobab, Titi Robin, Faiz Ali Faiz, Orchestre National de Barbès, Raïna Raï, Orkesta Mendoza…

Du 14 octobre au 12 novembre 2016

« Les ports ont longtemps aidé à la circulation des musiques » explique Hocine Boukella, le fondateur du groupe Sidi Bémol, qui a grandi face à la baie d’Alger. « Surtout si l’on parle de la Méditerranée: depuis l’Antiquité, depuis les Phéniciens, les ports y sont les points d’entrée des idées, que les musiques suivent ». Jusque très récemment. l’histoire s’est en effet souvent écrite sur des cartes marines. De la diffusion de la pensée grecque à l’expansion américaine, les grands changements qui ont affecté l’humanité ont notamment été préparés dans des ports.
« Les ports sont favorables à la création, parce qu’ils permettent la rencontre des marins, des passagers et des hommes qui travaillent sur les quais », poursuit Lysandros Falireas. le percussionniste et arrangeur du groupe grec Imam Baildi. Sa musique lui donne raison, puisqu’elle s’inspire en grande partie du rébetiko, un genre musical apparu il y a un siècle dans les tavernes du port du Pirée.
Des dizaines d’autres villes portuaires ont un rythme pour emblème : Lisbonne a le fado, Buenos Aires le tango, La Havane la rumba, Oran le raï, Port of Spain le calypso, Douala le makossa, Mindelo la morna, Rio la samba, La Nouvelle-Orléans le jazz… Pour ne rien dire du trallalero de Gènes, qui, d’après l’un des représentants du groupe polyphonique La Squadra, «s’est constitué autour du port. Il y avait là plein d’ouvriers, de dockers. Ils sortaient du travail, se retrouvaient dans des bistrots et chantaient ».
« Le fait d’être au bord de l’eau, avec de grands mouvements migratoires, a une profonde influence culturelle », résume Mehdi Haddjeri, le chanteur de Temenik Electric, qui vit et travaille à Marseille, à une encablure du bassin d’Arenc.
La chanteuse de fado Katia Guerreiro a longuement réfléchi à la question. « La mer change tout pour un peuple qui part à travers les océans chercher une vie meilleure. Lorsqu’un pêcheur part, il ne sait pas s’il reviendra, s’il retrouvera sa famille. Cela crée une douleur, partagée avec les femmes qui restent au port ». Evoquant d’autres genres océaniques, comme la morna et le tango, elle poursuit : « toutes ces chansons ont en commun des émotions intenses et intimes. Cela donne aux chanteurs et aux chanteuses des caractéristiques communes, comme cette façon de faire tomber les notes, de pleurer avec la voix ».
Parfois synonyme de nostalgie, le port est avant tout un symbole d’ouverture. Job Chajes, le saxophoniste d’Amsterdam Klezmer Band le rappelle lorsqu’il condense ainsi l’histoire des Pays-Bas : « Nous avons énormément utilisé les ports pour développer notre petit pays.
Depuis, nous regardons toujours vers l’extérieur ».
Cependant, n’en déplaise aux admirateurs de Brel, même le port d’Amsterdam n’est plus ce qu’il était. « Il se situe désormais à l’extérieur de la ville », commente Job. « Nous avons des péniches sur nos canaux mais le port, qui reçoit d’immenses cargos, ne nous est plus familier ».
Les temps ont changé. « Aujourd’hui, c’est différent bien sûr », acquiesce Hocine Boukella.
« On vit à l’heure des ports virtuels, d’internet ». Les débarcadères se sont vidés de leur sens au fur et à mesure que s’emplissaient les aéroports. Le déchargement des caisses de livres ou de disques s’est changé en un flux immatériel. Les ports ne sont plus les premiers à percevoir les infimes signes des mutations à venir.
Villes des Musiques du Monde célèbre la créativité passée et présente des ports, sans se priver d’aller chercher sur les quais d’aujourd’hui – nos cités, où se croisent désormais plus de peuples que sur les jetées – les trésors de demain….

François Mauger

Programmation

Hot 8 Brass Band, Socalled, Katia Guerreiro, Amsterdam Klezmer Band, BaBa ZuLa, Ali Amran, Iman Baildi, Speed Caravan, Poly-Rythmo de Cotonou…

Du 10 octobre au 8 novembre 2015

« L’Andalousie est plurielle depuis la nuit des temps » explique la chanteuse Karine Gonzalez. Elle justifie ainsi, en quelques mots bien sentis, le sous-titre que le festival s’est choisi pour sa seizième édition : « Les Andalouses ». Pourquoi cette formulation ? Si vous le voulez bien, comptons ensemble les différentes facettes de ce bout du monde…
Il y a d’abord l’Andalousie d’aujourd’hui, incarnée par le flamenco, « l’une des plus belles musiques populaires qu’on ait aujourd’hui dans le monde », selon le guitariste et oudiste Titi Robin. Mais le flamenco, lui-même, est pluriel, à la fois musique. danse et art de vivre, et ses racines sont multiples. « Il y a des éléments tout à fait similaires dans la musique arabe et le flamenco. C’est évident, le flamenco vient de là » rappelle la chanteuse Paloma Pradal. Sans compter « l’apport du peuple gitan, qui, en lui, porte une pluri-culturalité », complète Karine Gonzalez, « Il vient du Rajasthan, au nord-ouest de l’Inde, et il a fait un long voyage par le nord (l’Europe de l’est, la France et l’Espagnel et par le sud (via l’Egypte et le Maghreb) ». Les connexions avec le reste de la Méditerranée sont donc nombreuses…
Il y a ensuite l’Andalousie médiévale, « Al Andalus », où de 711 à 1492, sous le règne de souverains musulmans, s’est édifiée la société qui nous a laissé l’Alhambra de Grenade et la pensée d’Averroès. « Al Andalus est le symbole du summum de la civilisation arabe » estime la flûtiste Naïssam Jalal.
« C’est la période où le peuple arabe a été le plus en avance, en mathématiques, en physique… Mais on a tendance, sciemment ou pas, à ignorer cet épisode historique ». C’est également l’époque où naissent les musiques arabo-andalouse et judéo-espagnole, qui, après le départ des musulmans et des juifs d’Espagne, essaimeront de Marrakech à Istanbul. « Bien sûr, c’est une histoire dure, difficile » admet le chanteur Aziz Sahmaoui, « mais cela reste une belle histoire par le biais de la musique, par le biais de l’art ».
Il y a également l’Andalousie d’ici, celle qui, par exemple, rythme les nuits de la Petite Espagne, le quartier de l’immigration ibérique à la Plaine-Saint-Denis, non loin de l’école maternelle où l’association El Mawsili donne tous les samedis des cours de musique arabo-andalouse à une centaine d’enfants depuis plus de vingt ans.
Vient enfin la plus belle : « L’ Andalousie esthétique, rêvée », pour reprendre les mots de Titi Robin, qui confesse: « Avec mes références, je me crée mon Andalousie, une Andalousie poétique, musicale ». La boucle est bouclée. Au nord de Paris, les héritiers de l’Andalousie mythique voisinent avec les représentants de l’Andalousie d’aujourd’hui.
Sortez les guitares, les ouds et les violons, la fête peut commencer !

François Mauger

Programmation

Esperanza Fernandez, Titi Robin, Juan Carmona, Aziz Sahmaoui, Sefaradi Circus, Ali Khattab, Rosario la Tremendita, El Mawsili, Bals Sevillans…

Du 10 octobre au 9 novembre 2014

Cap to Congo Square, l’âme africaine de La Nouvelle-Orléans

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi la Variété produite aux Etats-Unis règne en maître sur les radios du monde entier ? Cela s’explique bien sûr en grande partie par la puissance de l’industrie nord-américaine du divertissement. Mais une petite fraction de la réponse tient également en deux mots méconnus : « Congo Square ». Soit le nom d’un parc de La Nouvelle-Orléans où les esclaves d’origine africaine eurent longtemps le droit de se rassembler le dimanche pour commercer, chanter. danser et jouer de la musique. Là, au cœur de cette ville restée française jusqu’en 1803, ont pu subsister des identités ailleurs annihilées. Mieux : la science de la polyrythmie, le sens de la note diminuée ou du son altéré et autres apports africains ont pu se frotter aux traditions françaises, espagnoles, allemandes, amérindiennes. haïtiennes… Congo Square est le creuset où des immigrés ont forgé les bases de ces formes quasiment universelles, ni purement africaines, ni purement européennes, que sont devenues le jazz, le gospel, le blues et leurs nombreux descendants, du rock n’ roll à la soul.
Programmée cette année, la chanteuse de gospel Liz McComb affirme d’abord : « Quand vous allez à La Nouvelle-Orléans, tout est très africain. À Congo Square, comme dans les Caraïbes, les Africains ont pu s’exprimer ». Mais elle ajoute immédiatement après « Pour moi qui ai vécu en France, lorsque je me rends à La Nouvelle-Orléans, beaucoup de choses me paraissent très françaises. Nous avons une histoire commune». De nombreuses traces de cette histoire ont été englouties quand, à la fin du mois d’août 2005, l’ouragan Katrina a déchiré les digues de La Nouvelle-Orléans. Il faudra des années à la ville pour soigner toutes ses blessures mais elle s’est déjà remise debout. Ses cuivres se sont révélés des béquilles solides, ce qui explique que ses fanfares soient admirées dans le monde entier. Le bassiste Zaf Zapha, qui a créé pour le festival le NOLA Brass Band, le rappelle : « La Nouvelle-Orléans, c’est La Mecque. Les cuivres français y sont déjà tous allés. Ils connaissent la ville, la Louisiane. Ils sont en terrain connu ». À la venue en région parisienne du frondeur The Hot 8 Brass Band et des Chosen Ones, une fanfare lycéenne, répondront aux prestations enflammées de ceux qui ont déjà mis le cap sur Congo Square, comme Tarace Boulba et Ceux Qui Marchent Debout, ou de ceux qui y songent, comme la formation amateur Cap to NOLA. Parce que nos villes, toutes aussi cosmopolites que La Nouvelle-Orléans d’autrefois, rêvent elles aussi d’universalité…

François Mauger

Programmation

Liz McComb, The Hot 8 Brass Band feat. FFF, Dirty Dozen Brass Band, Tarace Boulba, Toumani & Sidiki Diabaté, Fanfaraï & Family, Bal Rital, Savoy Family Cajun Band…

Du 11 octobre au 10 novembre 2013

Seul pays d’Amérique du Sud bordé par la mer Caraïbe et l’océan Pacifique, passant de l’épaisseur amazonienne aux plateaux andins, la Colombie à l’image de ses côtes, de ses fleuves et de sa biodiversité, possède une variété de musiques qui constitue l’un des plus beau patrimoine culturel du continent sud-américain. Reflet d’un brassage ancré dans un socle amérindien, colonisée par les Espagnols, la Colombie, peuplée d’esclaves africains, recèle de nombreuses expressions musicales de résistance à l’apparence festive. Préservée et vivante sur les côtes, dans les plaines et à l’intérieur du pays, cette géographie musicale est marquée par les carnavals et de nombreux festivals où se conjuguent danses et théâtre, arts populaires et contemporains. Les musiques traditionnelles ont des ambassadeurs fervents : Totó la Momposina, Petrona Martínez Juancho Fernández… Des villes phares : Valledupar, Buenaventura, Carthagène, Santa Marta, Barranquilla, Cali, Medellin, et la mégalopole sur la cordillère, Bogotá, où tout converge !
Innombrables sont les lieux où s’exprime l’art de la danse, du chant. Des musiques si généreuses qu’elles ont franchi les frontières avec les pays voisins, le Venezuela, le Panama, l’Équateur, le Pérou, le Brésil et non loin, Cuba mais aussi l’Europe, pour de nouveaux terreaux et de nouvelles transplantations. La cumbia de renommée mondiale est la plus emblématique. Son origine est repérée dès la fin du XVIllème siècle. Pratiquée par les esclaves, ses pas de danse dérivent directement des pas dansés avec des chaines et des boulets aux pieds. Enraciné non loin de la côte Caraïbe, le vallenato est éminemment populaire, avec ses poètes et ses classiques. Apparenté au boléro, son gouvernail est l’accordéon, instrument rassembleur qui servait jadis aux musiciens itinérants pour annoncer les nouvelles.
C’est aussi en Colombie qu’a vu le jour la champéta inspirée du mélange rap, reggae, kompa haïtien, soca et calypso. Une invention à peine trentenaire apparue à travers les disques africains ramenés au port de Carthagène. En Colombie, les traditions se risquent à se mixer avec-des sonorités parentes et cousines des Caraïbes mais aussi avec de moins familières : techno, hip-hop, électro. Grâce à l’engouement pour les musiques latines en Europe, des académies de danses, des cours, des écoles ont fleuri un peu partout; des musiciens colombiens ont pu s’installer. Les DJ se sont aussi appropriés cette mine d’or musicale pour enflammer les dancefloors.
Le sens inouï d’adaptation de ces musiques, leur univers fantastique. leur désordre temporel, auront de quoi occuper toutes les scènes-St-Denis !

Caroline Bourgine

Programmation

Idir, Totó la Momposina, Gnawa Diffusion, Fatoumata Diawara, Miguel Gomez Orquestra, Juan Carlos Cáceres, El Hijo de la Cumbia, Anakronic Electro Orkestra…